Nos différences : il est beaucoup plus beau que moi

Je suis petite, un peu ronde, des cheveux châtains morne plaine et un nez « intelligent », comme dit ma mère. Paolo lui, est grand, brun, de magnifiques yeux verts encore rehaussés par une délicieuse peau couleur caramel. Paolo est un homme objectivement très beau et c’est moi qu’il a choisie. Aujourd’hui encore, je m’en étonne et surtout j’en souffre.

Au départ, j’étais juste contente qu’un être aussi divin s’intéresse à moi. Cela a même été plutôt facile, car incapable d’imaginer qu’il pourrait nourrir de romantiques desseins à mon endroit, je me comportais avec lui avec le naturel et la sympathie de celle qui a abandonné la course depuis bien longtemps.

C’est plus tard que les inquiétudes sont venues, des inquiétudes qui ne me lâchent pas, même depuis six ans que nous sommes ensemble. Ce n’est pas une question de jalousie, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Je n’ai pas peur que Paolo me quitte pour une autre, je suis sûre de la force de notre lien. Cela ne me dérange pas non plus qu’il se fasse draguer par d’autres filles, c’est comme ça…

Non, ce qui me gêne vraiment et me blesse, c’est le regard que certaines personnes portent sur nous. Un regard d’autant plus violent qu’il est plus instinctif que méchant. C’est cette lueur de surprise dans les yeux de certaines femmes que nous croisons lorsque nous nous promenons main dans la main, et qui dit : « tiens, mais comment a-t-elle fait pour sortir avec un homme aussi beau ? ». Ou encore l’étonnement discret mais néanmoins très blessant de mes copines quand je leur ai présenté Paolo : « MAIS, il est mignon ! » Comme si c’était une chose qu’elles n’auraient jamais pu envisager.

Attention, je ne suis pas non plus un laideron, et je suis une femme plutôt sûre de moi : j’ai beaucoup d’amis, ma carrière est brillante, je sais m’habiller, me mettre en valeur. Mais dans ces moments-là, il n’y a plus de rationalité possible, juste une sensation violente de honte et de souffrance qui me renvoie à l’enfant que j’étais. Toujours un peu moins mince, toujours un peu moins jolie que les autres… Pas à la hauteur en somme !

Ces moments de malaise et de doutes ne sont pas si fréquents, mais ils peuvent ressurgir à tout moment et me laissent démunie, en dépit de tout ce que Paolo pourrait raisonnablement me dire pour me rassurer. Je sais aussi qu’il faudrait que je trouve un moyen de me débarrasser de ce sentiment d’infériorité, qui n’est pas sain dans un couple.

 

 

Propos recueillis par Camille Limouzin

 

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